Conçu au début des années 1930 pour servir d'avion postal rapide et de transport de passagers, le Heinkel He-70, malgré une conception évoluée pour son époque (aile elliptique, train d'atterrissage escamotable), ne connut pas une carrière commerciale brillante. Rapidement devenu obsolète, sa carrière militaire fut tout aussi brève. Vingt-huit avions seront envoyés en Espagne. Utilisés par la Légion Condor durant la guerre civile espagnole, il fut surnommé Rayo (foudre) du fait de sa grande vitesse. Il allait, pourtant, fortement inspirer ce qui allait devenir le plus célèbre bombardier allemand de la deuxième Guerre Mondiale, le He-111.

La MAQUETTE :

Si à l’ouverture de la boite, la première impression est plutôt favorable, un examen approfondi des grappes va, hélas, nous faire déchanter. Avec son plastique baveux, granuleux et cassant, sa gravure irrégulière, des ajustements déplorables et du détail minimaliste et empâté, on est loin des standards actuels. Cerise sur le gâteau, les pièces ne sont pas numérotées et le premier travail à effectuer sera de les repérer en se servant de la notice, pour le moins succincte. Seul point positif, les formes sont correctes, du moins comparées aux plans en ma possession, avec un petit bémol pour le dièdre des ailes, qui m’a semblé un tantinet excessif, mais qui ne vient cependant pas gâcher l’allure générales de l’avion.

MONTAGE :

Tout est à (re)faire, ou presque. Pour se cela, l’imagination sera d’un grand secours, la documentation sur ce bel oiseau étant réduite à sa plus simple expression. C’est donc armé de deux photos du cockpit et de deux écorchés que je vais tenter de détailler, autant que peut se faire, l’intérieur de ce modèle.
La première étape a consisté à araser, à la fraise boule, les détails de structure afin de les refaire plus finement. Les parois sont ensuite recouvertes de carte plastique de 0.1mm afin de cacher les dégâts. La structure interne a été prolongée après le poste du bombardier car visible depuis l’ouverture supérieure. 
Les vitres des hublots sont retaillées, au passage, dans une feuille de Plexiglas.

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Les fondations étant, maintenant, saines, ou peut monter les cloisons et installer le mobilier.
Si comme moi, vous désirez ouvrir la verrière et la porte passager, la refonte complète du cockpit est plus que nécessaire. Sinon, vous pouvez vous contenter de celui d’origine, très peu visible au final. 
De l’habitacle, seuls les sièges ont été sauvés de la poubelle et, après avoir subi une cure d’amaigrissement en règle, ils sont équipés de leur brêlage. 

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Par contre, vous ne pourrez pas faire l’impasse sur la soute à bombe car on la voit bien à travers les hublots. 

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Le plancher du poste du mitrailleur a été refait pour qu’il épouse la forme du fuselage. La fenêtre du bombardier, mal placée, a été déplacée vers l’arrière. Les différents boîtiers qui équipent cette zone ont été créés de toutes pièces. Seule la mitrailleuse est de la boite.

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L’habitacle dans son ensemble. Un travail de scratch non superflu car, mis à part le poste du radio totalement caché, il reste bien visible à travers les différentes ouvertures.  

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Les hublots sont masqués, en préalable à la peinture, puis une couche de Noir est passée. Elle servira à assombrir la couleur de base des zones placées dans l’ombre. Le RLM02 est ensuite pulvérisé en fines couches. 

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La couleur sera volontairement contrastée pour qu’il en reste quelque chose de visible une fois tout fermé. Pour cela, j’ai utilisé, sur la couleur de base, des couleurs vives comme du Jaune voire du Blanc à certains endroits.
Un jus de Noir mélangé à du Jaune de Naples est déposé dans les creux. Du Jaune puis du Blanc ont servi à rehausser les arêtes. Pour donner un peu plus de profondeur aux parties foncées, un lavis, mélange de Noir et de Beige, est appliqué.  

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Vous avez dit cassant ! Les effets de la colle ultra liquide sur le plastique AZ. Il a fallu ressortir, du fond du tiroir, le bon vieux tube de colle pour continuer les collages.

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Les deux demi-coquilles du fuselage pouvaient, alors, être collées sans aucun souci particulier (les joints maudits, c’est pour plus tard !).  
Le capot moteur, curieusement fourni à part, est d’abord mis de niveau à l‘aide de cales. Les joints seront ensuite bouchés à la carte plastique et au mastic.


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Dans la foulée, la gravure est entièrement reprise, ce qui se fait relativement facilement du fait des formes simple de l’avion, et le plastique est gentiment poncé à la paille de fer 000 d’ébénisterie, pour supprimer son aspect granuleux. Ces deux opérations seront, malheureusement, à répéter pour chaque sous-ensemble.  
La légère ondulation sur les parties mobiles de l’empennage est représentée en fines bandelettes de carte plastique recouvertes de Surfacer et poncées à la paille de fer pour adoucir les angles.
 
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L’assemblage des demi-coquilles des ailes n’est que pure formalité, aucune transformation n’étant nécessaire. Je n’ai pas touché aux volets, aucunes photos en ma possession ne les montrant abaissés au sol, ni corrigé le dièdre, chirurgie trop lourde pour un résultat finalement peu visible. Par contre, les puits du train nécessiteront une petite remise à niveau.
Nous en arrivons, maintenant, à ce qui va être le cauchemar de ce montage et qui a bien failli avoir raison de la patience de votre serviteur.
Une découpe à la forme du profil de l’aile est prévue dans les flancs. Un épaulement sur le pourtour intérieur de cette découpe servira de butée à l’aile, fournissant une bonne surface de collage et imposant, par la même, le dièdre adéquat. Une bonne idée, simple et efficace quand elle est bien réalisée. Ce qui, hélas, ne fut pas le cas.
Premier constat, les parties mâle et femelle n’ont pas la même forme ni les mêmes dimensions et ce, des deux coté du fuselage. Fraise et cutter sont de la partie et on y arrive tant bien que mal. Deuxième constat, l’épaulement n’est pas suffisamment en retrait et le raccord karman ne vient plus en contact avec le fuselage, mais que d’un coté cette fois (chanceux, nous sommes !). Donc, on ressort la fraise et on enlève de la matière jusqu’à avoir l’aile à fleur. Au final, l’épaulement aura disparu et par là même la surface de collage et donc le calage du dièdre. Je vous fais grâce de la suite qui ne fut qu’une succession de jurons. 
L’aile est, tout d’abord, maintenue en place à l’aide de deux points de cyano. Puis les joints sont remplis de cette même cyano afin de les boucher et d’assurer, par la même occasion, un collage solide.   
 

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Une bande de scotch alu reproduit le raccord karman. Elle est mise en place puis lissée avec un coton-tige afin de bien épouser les formes. Il convient de procéder avec douceur pour ne pas la déchirer. 

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Aucun tenon de guidage n’est prévu sur l’empennage. Je les ai rajoutés ce qui a facilité le collage. Le joint est, cette fois, traité au mastic Tamiya. La finition s’est faite au Surfacer.

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La continuation sera plus calme mais pas sans embûche, à commencer par la grande verrière qui est, non seulement, opaque mais surtout sous-dimensionnée. Elle est donc découpée, pour me permettre de la représenter ouverte, puis chaque partie est remise à la bonne dimension. On procède au thermoformage et on refait les montants en scotch alu. L’ensemble sera protégé par un bain de Klir.

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Puis l’ersatz de train qui, avant de partir à la poubelle, m’a servi de gabarit pour en refaire un. De toute façon, celui d’origine n’aurait pas supporté le poids de la maquette, relativement lourde. Il est en tube de plastique, renforcé avec du micro-tube. Le soufflet est en fil de cuivre, enroulé autour d’un cylindre. Pour éviter de fragiliser le plastique, tous les collages ont été faits à la cyano. Les trappes ont été préservées après les avoir affinées et les roues, sûrement les plus belles pièces du kit, ont été aplaties pour simuler la masse de l’avion.

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Les puits de train sont habillés de carte plastique de 0.2mm pour cacher les joints de collage. Les câbles de rétraction des jambes sont en fil de pêche. Enfin, quelques détails sont rajoutés sur l’intrados.

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On masque tout ce qui doit être protégé et le modèle est, enfin, poussé jusqu’à l’atelier de peinture pour une mise en couleur qui, comparé à tout ce que l’on a subit jusqu’ici, ne sera qu’une simple formalité.

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Le camouflage est composé des trois teintes RLM61/62/63 pour l’extrados et RLM65 pour l’intrados. Il est de type « splinter » à larges tâches à bords droits et non fondus, facile à réaliser à l’aide de caches. Comme toujours, j’ai utilisé des peintures acryliques de la marque Gunze (prévoir quelques mélanges car les couleurs n’existent pas dans leur nuancier), diluées à environ 70% à l’Alcool Supérieur et pulvérisées à basse pression (inférieure à 1 bar).
Le RLM63, très proche du RLM02, est obtenu en ajoutant un peu de Blanc à ce dernier. On voit à l’emplanture, les dépôts de Maskol qui serviront à représenter les éraillures aluminium.


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Le Vert H303 est mélangé avec une goutte de Jaune afin de se rapprocher du RLM62.

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Les décals sont de bonne facture et se posent sans soucis. Le léger décentrage, visible sur les cocardes d’extrados, sera rattrapé plus tard.

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Il est propre, l’avion venait de recevoir ces nouvelles couleurs, et la patine sera donc réduite à sa plus simple expression.  
On commence par les jus.
Du Bleu Insigne est utilisé pour le jus à l’intrados et du Noir à la jonction des parties mobiles. Les lignes de rivets sont marquées au pigment Dark Mud.

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La couleur est ensuite "marbrée en rajoutant à la base du Deck Tan.

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Après avoir tracé les ombres au Marron foncé, quelques éraillures sont faites avec un morceau de mousse. L’arrière du fuselage est empoussiéré avec du pigment Europe Dust.
 
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Au tour de l'extrados, maintenant.
Trois couleurs donc trois jus différents. Il convient de rester dans les tons des couleurs de base pour éviter une finition trop disgracieuse. Ici aussi, la jonction des parties mobiles est accentuée avec un jus Noir.


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Les différentes teintes sont légèrement marbrées pour casser la monotonie. La peinture est grandement diluée et est passée aléatoirement à très faible pression (environ 0,4bar).

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Cette fois-ci, j’ai tenté de reproduire les éraillures du karman au pinceau. Exercice un peu long et difficile que celle de la mousse mais dont le résultat me parait, visuellement, plus intéressant.



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Des couleurs vives mais toujours dans les tons des couleurs de base sont déposées sur les parties saillantes. Elles permettent de créer des points de lumière et, donc, d’éclairer le modèle. 

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Les zones de marche sont empoussiérées, d’abord avec un voile de peinture couleur Terre suivi de pigment qui est fixé, une fois en place, avec de l’essence F. 

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Moult essais préliminaires auront été nécessaire à la mise en place du train. Il ne s’agit pas de se louper sous peine d’avoir un avion à la position bancale qui gâcherait tout le travail préalablement effectué.

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CONCLUSION :

Loin de moi l’idée de tirer à boulet rouge sur cette marque mais il est difficile de trouver une conclusion heureuse à ce montage tellement j’en ai « bavé ». Certes, ce modèle a le mérite d’exister (le seul à cette échelle, d’ailleurs) mais ça ne suffit pas, cette fois, à faire passer la pilule. Dommage, car l’originalité était au rendez-vous et AZmodel a du savoir faire. Il l’a déjà prouvé avec d’autres modèles.


Heinkel He-70F "Blitz" AZmodel 1/48